Comment apparaît l’ulcère de jambe ? Je n’ai pas souvenir de m’être blessé.

L’ulcère veineux comme artériel correspond à une mort des tissus d’origine interne. La plaie apparaît quand les tissus sont déjà morts. Il n’y a donc pas nécessaire de traumatisme pour en expliquer l’apparition.

Néanmoins, une éraflure, un choc créant un hématome, une zone de grattage peuvent entraîner l’apparition d’une plaie ulcéreuse chez une personne souffrant d’une insuffisance veineuse, artérielle ou mixte.

Pourquoi cette plaie coule-t-elle autant ?

L’œdème provoqué par l’insuffisance veineuse ou artérielle en est la cause.

En effet, cet œdème correspond à une accumulation de liquide dans vos tissus.

Dans l’insuffisance veineuse, le sang ne peut plus remonter et s’accumule dans vos veines. Du liquide sort des veines pour remplir les tissus alentour.

Dans l’insuffisance artérielle, le sang est bloquée par une artère obstruée et du liquide envahit les tissus voisins de cette obstruction.

Dans les deux cas, votre ulcère est une « brèche cutanée », une ouverture par laquelle ce liquide peut s’écouler.

Pour limiter cet exsudat qui risque de provoquer des macérations autour de la plaie, le repos allongé est impératif, de même que le port des bandes ou bas de compression. Les deux favorisent la remontée du sang vers le cœur.

On parle d’ulcère veineux, artériel ou mixte, qu’est-ce que cela veut dire ?

Les veines permettent le retour du sang vers le cœur. Ce sang est chargé de déchets générés par l’activité musculaire. Pour lutter contre la pression atmosphérique, qui rend difficile ce retour veineux, les veines sont munies de « clapets » anti-retour, ou valvules, qui empêchent le sang de redescendre vers le pied. Malheureusement, chez certaines personnes et / ou dans certaines circonstances (station debout prolongée, antécédent de phlébite), ces valvules sont endommagées, le retour veineux se fait difficilement, les jambes gonflent, les toxines ne sont plus éliminées et elles agressent les tissus.

Les artères apportent le sang oxygéné et riche en éléments nutritifs dans les tissus. Une plaque d’athérome, un embole (caillot) ou une pathologie comme le diabète, entraînent des troubles de la circulation : le sang irrigue mal les tissus les privant ainsi d’oxygène et de nutriments. Les tissus meurent et l’ulcère apparaît.

L’ulcère mixte, comme son nom l’indique, est un « mélange » d’ulcère veineux et artériel.

Comment éviter l’apparition de l’ulcère ?

Pour éviter l’apparition de l’ulcère chez une personne souffrant d’insuffisance veineuse, une bonne hygiène de vie est nécessaire : alimentation, repos, sport, arrêt du tabac et de l’alcool et lutte contre le surpoids. Évitez la position assise jambes pendantes ou jambes croisées, ainsi que la position debout de piétinement.

La marche favorise le retour veineux. En effet, en développant bien le mouvement de la cheville, la pression exercée au niveau du talon relance le sang dans les veines comme une pompe. Il est conseillé de marcher ¼ d’heure le matin et l’après midi. Évitez les longues marches et préférez la marche fractionnée (des périodes d’un quart d’heure plusieurs fois par jour).

Quand peut-on dire qu’une plaie est infectée ?

Les signes d’une infection sont locaux. Il existe une rougeur, un œdème (gonflement), une chaleur, une douleur au niveau de la plaie et/ou de son pourtour.

Certains examens peuvent confirmer ce diagnostic, comme un prélèvement de plaie mais la technique est peu fiable car beaucoup de germes sont naturellement présents sur la plaie, sans danger.

Les pansements sentent très mauvais, cela me dérange beaucoup, je n’ose plus sortir de chez moi.

Cette odeur provient du développement d’une grande quantité de bactéries dans votre plaie. Il existe des pansements à base de charbon qui absorbent l’odeur due à ce phénomène qui n’est pas nécessairement grave.

Il est aussi possible que votre plaie se soit infectée, les bactéries sont alors non seulement nombreuses mais néfastes. Une infection se traduit par les signes suivants : rougeur, douleur, chaleur, œdème et éventuellement fièvre.

N’hésitez pas à signaler à votre médecin ce problème d’odeur.

J’ai mal la nuit, je suis obligé de laisser les pieds pendants.

Ce signe indique, vraisemblablement, une insuffisance artérielle. Le sang oxygéné en provenance du cœur a du mal à descendre dans votre jambe. Il peut être gêné par différents obstacles (caillots anciens, plaque d’athérome…). En laissant pendre une jambe, vous favorisez la descente du sang, puisqu’il est entraîné par son propre poids. Par contre, cette pratique est mauvaise pour le retour veineux (le retour du sang vers le cœur), qui est freiné par la gravité lorsque la jambe est pendante...

Il est important de signaler ce phénomène à votre médecin, en lui décrivant bien le type de douleurs et ce soulagement avec jambe pendante.

Quand l’infirmière « gratte » la plaie ou la nettoie, c’est le moment le plus douloureux. Est-ce vraiment nécessaire ?

Si votre plaie présente des zones de nécrose (noire) ou de fibrine (jaune), il est très important d’éliminer ces tissus inertes (morts) par un nettoyage ou une détersion mécanique (« gratter la plaie »). En effet, les tissus morts sont sources d’infection et empêchent la plaie de cicatriser.

Si la douleur est importante, signalez-le à l’infirmière ou à votre médecin. Il pourra vous prescrire soit un antalgique (médicament contre la douleur), soit une crème localement anesthésiante. Les deux doivent être pris ou posée une demi-heure avant les soins. Si vous avez mal, n’attendez donc pas le prochain soin pour le signaler.

Cette plaie me fait souffrir ? est-ce normal ?

Il existe de multiples raisons qui peuvent faire que votre plaie soit douloureuse. La douleur ne doit pas être a priori un signe d’inquiétude. Pour autant, vous n’avez pas à subir cette douleur. Il existe différents moyens de la diminuer qui pourront être mis en œuvre par les soignants qui s’occupent de votre ulcère.

Vous devez donc en parler à l’infirmière qui effectue vos soins ou à votre médecin...

Cependant, il existe des cas où la douleur est un signal d’alerte par rapport à une évolution de l’ulcère. La douleur peut être le signe du développement de complications telles que la surinfection, l’eczéma… ou de soins non optimisés (pansement trop absorbant sur plaie peu exsudative, …). Ces éléments ralentissent la cicatrisation de votre ulcère. Plus tôt ils seront détectés grâce à l’alerte qu’est la douleur, plus vite votre ulcère cicatrisera.
Raison de plus pour signaler toute douleur à vos soignants.

Je souffre après le pansement quand l’infirmière est partie, j’ai l’impression que le pansement fait « buvard ».

Certains pansements, comme l’alginate, ont un pouvoir d’absorption important créant ainsi cette sensation douloureuse de « buvard » ou « rongement ». On peut diminuer cet effet en humidifiant très légèrement le pansement tout en maintenant son pouvoir absorbant.

N’hésitez pas à signaler ceci à votre médecin qui pourra en tenir compte dans son choix du pansement de votre ulcère

Je n’ai pas faim. Est-ce que cela pose problème ?

Il est possible que vous n’ayez pas faim. Les raisons peuvent en être multiples : troubles digestifs, fatigue, climat (chaleur), perturbations dans votre vie quotidienne, repli sur soit, manque d’entrain (voire début de dépression), …

Cela dit, il est essentiel d’apporter les nutriments nécessaires à la cicatrisation. Reconstruire des tissus neufs nécessite de grandes quantités d’énergie et de protéines notamment, ainsi que certaines vitamines ou oligo-éléments (comme le zinc par exemple). Conservez donc une alimentation riche et variée le temps de la cicatrisation, avec des vitamines et des protéines (viande, poisson, œufs, fromage…).

Bien sûr, je sais que je suis un peu gros, mais pourquoi faut-il maigrir pour guérir de mon ulcère ?

La surcharge pondérale (le fait d’être « trop gros ») entraîne une mauvaise circulation veineuse des membres inférieurs. Les masses graisseuses compriment les vaisseaux favorisant ainsi la stase veineuse et l’œdème.

Pour maigrir, il faut suivre un régime alimentaire pauvre en glucides et lipides, et pratiquer un sport (la marche est une excellente activité).

Mais attention, conservez une alimentation variée et riche en protéine, car vous avez besoin de ces éléments pour cicatriser.

Il me semble qu’en laissant la plaie à l’air, cela cicatriserait mieux.

Il faut bien comprendre qu’une cellule sèche est une cellule morte. C’est pourquoi la cicatrisation se fait en milieu humide. Ce principe a été établi par le Docteur Winter en 1962. Il est depuis accepté par tous les spécialistes de la cicatrisation.

On s’imagine souvent qu’une plaie suintante puisse s’assécher à l’air libre et que ceci puisse aider à la guérir et soulager une éventuelle douleur. Mais cela favorise en fait la formation d’une croûte sèche qui empêche sa cicatrisation (les cellules ont du mal à se développer et se mettre en place sous cette croûte). Quant à la douleur, elle n’est pas due au suintement mais à l’œdème généralement, ou à une éventuelle infection, ce que l’assèchement de la plaie ne modifiera pas.

Existe-t-il des pansements cicatrisants ?

Le pansement crée un environnement favorable à la cicatrisation de l’ulcère. On sait que le milieu humide et chaud favorise la cicatrisation. Trop d’humidité aggrave l’état cutané autour de la plaie. Il faut donc un pansement capable d’absorber tout en maintenant le milieu humide de la plaie et un environnement relativement sec autour de celle-ci pour éviter toute macération qui est source d’aggravation.

Quand une plaie est de tendance sèche, ce qui est rare, il faut au contraire apporter une certaine teneur en eau pour l’hydrater et stimuler la cicatrisation. On utilise alors des pansements riches en eau ou du gel sous un pansement.

Pourquoi les infirmières ne changent-elles pas plus souvent mon pansement ?

Le changement de pansement représente une perturbation pour la plaie et son environnement. De plus, c’est un acte souvent douloureux pour le patient. C’est pourquoi on ne change le pansement que lorsque c’est nécessaire. Par exemple, lorsque le pansement est saturé par l’exsudat, c’est-à-dire qu’il ne peut plus absorber les liquides produits par la plaie. Ou lorsque l’on veut pratiquer une détersion, c’est-à-dire retirer les débris présents dans la plaie que l’on aura ramollis par un pansement adapté. Les situations varient, c’est pourquoi il n’existe pas de durée standard entre deux pansements.

Ne vous inquiétez donc pas si votre pansement n’est pas changé tous les jours, ce n’est pas parce que l’on ne s’occupe pas de vous, c’est parce qu’on laisse la cicatrisation se dérouler sans la perturber.

Puis-je prendre une douche ?

Oui, la douche est un très bon moyen de nettoyage de la plaie. Il faut simplement s’organiser pour que votre infirmier (ère) arrive au bon moment (juste après la douche) pour refaire le pansement.

De plus, la douche permet une bonne hygiène corporelle autour de la plaie. Elle permet également de décoller le pansement sans endommager la plaie et sans douleur.

Pourquoi mon infirmier ne désinfecte-t-il pas mon ulcère ?

Un ulcère a un environnement bactérien naturellement favorable à la cicatrisation. Les germes présents dans la plaie assurent une détersion de la plaie (un « nettoyage » des parties mortes) et protègent la plaie des autres germes qui pourraient venir infecter la plaie.

La désinfection de la plaie détruirait ces germes utiles et favoriserait l’installation de germes dangereux. De plus, une désinfection est inefficace sur un germe dangereux installé dans la plaie. Enfin, les antiseptiques utilisés peuvent détruire certaines cellules de reconstruction du derme et de l’épiderme.

On ne désinfecte donc jamais un ulcère. En cas d’infection dangereuse, on traite par antibiothérapie par voie générale (antibiotiques en comprimés ou injectés) mais jamais localement.