Méthodologie La notion de douleur Analyse globale Fréquence de la douleur Douleur exprimée / entendue Conclusion Résultats détaillés


Méthodologie

Escarre.fr et Ulcere-de-jambe.com ont réalisé en collaboration avec le CETD* de Hôpital Saint-Antoine (Paris) et le réseau ville-hôpital LCD (Lutter contre la douleur) une enquête portant sur la perception par le soignant de la douleur iatrogène liée au renouvellement du pansement.

Cette enquête a été réalisée entre avril 2007 et novembre 2007, un peu plus de 790 infirmiers(ères) y ont répondu.

Ces résultats donnent une bonne photographie de la perception de la douleur iatrogène par l’infirmier et indirectement de l’écoute du patient.

*CETD : Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur.

 


La notion de douleur

La douleur se définit comme une "expérience sensorielle et émotionnelle" désagréable associée à un dommage tissulaire, réel ou potentiel, ou décrite en terme évoquant une telle lésion" (source IASP : International Association for Study of Pain).

La douleur se définit comme un vécu : si la douleur est exprimée, elle existe. Donc théoriquement, il ne peut pas y avoir plus de patients qui expriment leur douleur que de patients qui ont effectivement mal…

Inversement, il existe des douleurs ressenties mais non exprimées :

  1. peur de déranger le soignant, de remettre en question sa compétence (notamment pour les patients âgés),
  2. peur d’apprendre une aggravation de sa pathologie (la plaie ne cicatrise pas bien),
  3. difficultés à exprimer sa douleur (troubles psychiques ou fonctionnels).

Enfin, il existe des douleurs exprimées mais non entendues (comme tout message peut ne pas être entendu), notamment si l’écoute du soignant est faible.

Dans le cadre de la prise en charge de la douleur, il est donc souhaitable que :

  1. toute douleur exprimée soit entendue (et prise en charge),
  2. lors du soin, l’on recherche une éventuelle douleur non ou faiblement exprimée.

 


Analyse globale

Les réponses de cette enquête soulèvent deux pistes de réflexion :

  1. la douleur est fréquente au renouvellement du pansement : 70% des soignants rencontrent une plainte de la part d’au moins la moitié de leurs patients,
  2. majoritairement, les soignants pensent que les patients se plaignent plus souvent qu’ils n’ont mal.

 


Fréquence de la douleur

Le renouvellement du pansement est apparemment un acte fréquemment douloureux pour le patient.

Or, la douleur lors d’un soin :

  1. est néfaste à la relation soignant-patient (elle diminue la confiance et l’affinité du patient envers le soignant),
  2. diminue l’observance générale du patient envers ses soins,
  3. crée un état de stress et une angoisse préalables au soin qui rendent celui-ci plus difficile à réaliser et augmentent la douleur physiologique (neuropathique ou sensorielle) et perçue (émotionnelle et cognitive).

Il convient donc de diminuer autant que possible la douleur lors d’un soin, y compris lors du renouvellement d’un pansement.

Causes de la douleurSi l’on analyse plus précisément les causes de la douleur, on arrive à des conclusions relativement similaires pour une plaie au stade de nécrose sèche ou une plaie exsudative. Les principales causes sont par ordre décroissant :

  1. le nettoyage de la plaie,
  2. la plaie elle-même,
  3. le stress du patient,
  4. l’adhésion du pansement à la plaie.

La connaissance de ces causes peut permettre d’envisager différentes voies pour diminuer la douleur :

  1. modifier les techniques (nettoyage de la plaie),
  2. privilégier des pansements non adhésifs (sous pansement secondaire ou bandage…),
  3. espacer le renouvellement (cela peut diminuer l’adhésion du pansement, plus imbibé, dans le cas d’une plaie exsudative),
  4. mettre en place une antalgie préalable au soin...

À titre d'information :

Causes de la douleur : hydrocellulaire sur plaie exsudative
Causes de la douleur : hydrocellulaire sur plaie exsudative

Causes de la douleur : hydrogel sur nécrose sèche
Causes de la douleur : hydrogel sur nécrose sèche

Infirmières / patients

Adéquation entre plainte et douleur
D'après l'enquête réalisée entre avril et novembre 2007 auprès de 792 infirmiers (ières)

 


Douleur exprimée / entendue

Les résultats de l'enquête et le traitement des données obtenues (voir diagrammes ci-dessus) montrent que pour les soignants : « les patients se plaignent plus souvent qu'ils n'ont mal ». Cette conviction est en opposition avec la définition de la douleur, puisque rappelons-le « si la douleur est exprimée, elle existe ».
Cette conviction peut avoir trois conséquences sur le comportement du soignant :

  1. une réaction insuffisante face à la douleur entendue, avec toujours un doute sur le fondement de cette plainte,
  2. une écoute faible de la douleur exprimée, avec donc une partie des douleur exprimées qui n'est pas entendue,
  3. une motivation faible à rechercher une douleur non exprimée.

Il est donc important de changer cette conviction pour pouvoir assurer une prise en charge correcte de la douleur.
Ce changement peut reposer sur une meilleure connaissance de la douleur, une reconnaissance de la composante émotionnelle ou cognitive de la douleur, l’acceptation du patient comme évaluateur objectif de sa douleur…

 


Conclusion

Les résultats de cette étude montrent qu’il existe un fort potentiel d’amélioration de la détection de la douleur lors du renouvellement du pansement, et que l’enjeu est important compte-tenu de la fréquence de cette douleur.

 


Résultats détaillés (1)

Enquête réalisée entre avril et novembre 2007 auprès de 792 infirmiers (ières)

Fréquence de la douleur

Résultats détaillés (2)

Enquête réalisée entre avril et novembre 2007 auprès de 792 infirmiers (ières)

Que décrivez-vous en cas de douleur ?

Résultats détaillés (3)

Enquête réalisée entre avril et novembre 2007 auprès de 792 infirmiers (ières)

Causes de la douleur : hydrogel sur nécrose sèche

Résultats détaillés (4)

Enquête réalisée entre avril et novembre 2007 auprès de 792 infirmiers (ières)

Causes de la douleur : hydrocellulaire sur plaie exsudative