Ulcère du pied chez le diabétique : une gravité sous-estimée par les malades

Feb 20, 2017 par

Ulcère pied diabétique

L’ulcère du pied est une complication redoutable du diabète. En effet, 85 % des amputations sont précédées d’une ulcération. Si les traitements ont progressé, les diabétiques restent mal informés sur ce « mal perforant plantaire ».

L’ulcère du pied diabétique : un mal sournois

Chez le diabétique, l’ulcère du pied résulte de 3 mécanismes :

  • Une atteinte des nerfs (neuropathie) entrainant une perte de sensation, des déformations et une sécheresse cutanée ;
  • Une atteinte des vaisseaux sanguins (artériopathie) de la jambe : le pied du diabétique n’est plus approvisionné correctement en sang, ce qui peut engendrer des nécroses ;
  • Une infection secondaire qui aggrave l’ulcère. Elle est classée du grade 1 (ulcère non infecté) à 4 (ulcère infecté avec fièvre).

Les facteurs déclenchants comprennent des traumatismes mineurs comme des chaussures inadaptées, des ongles blessants, de la marche pied nus… Du fait de la perte de sensibilité, ces blessures superficielles sont souvent ignorées par le malade. C’est pourquoi 40 % des ulcères du pied diabétique sont découverts de façon fortuite.

Un traitement standardisé

Le traitement de l’ulcère du pied diabétique se fait de préférence dans un centre spécialisé. Il comprend le nettoyage de la plaie, la réalisation de pansements, la prise d’antibiotiques et surtout une décharge stricte.

La décharge consiste à éviter l’appui de l’ulcère sur le sol. Cela passe par l’alitement du patient, l’utilisation de béquilles ou des dispositifs type chaussures orthopédiques ou plâtre. Les plâtres nonamovibles de décharges sont les plus efficaces selon le Dr Faure, pharmacienne au CHU de Montpellier. Ces sortes de bottes en résine ou en plâtre englobent tout le pied et la jambe jusqu’au genou. À l’intérieur, des coussinets gonflables protègent le pied. Lors de la marche, les pressions sont réparties sur toute la voûte plantaire et une grande partie est évacuée vers le haut du fait de la rigidité du système.

Ces bottes peuvent être associées à des chaussettes connectées qui détectent les changements de pression ou de température.

Des malades mal informés

Bien que la rapidité de prise en charge soit primordiale pour la réussite du traitement, les personnes diabétiques tardent souvent à consulter. 30 % consultent au bout de 1 à 6 mois et 14 % après 6 mois. 50 % sous-estime la gravité de l’affection. Ce n’est pas beaucoup mieux du côté des médecins : 27 % des patients disent que leur généraliste n’examine jamais leurs pieds.

Côté malade, un manque d’information semble être responsable de cette sous-estimation. 29 % déclarent ne pas avoir été informés des risques.

L’éducation du patient est pourtant essentielle dans le cadre de la prévention. Pour la gestion de l’ulcère du pied diabétique, elle comprend des informations sur :

  • La perte de sensibilité ;
  • Un auto-examen quotidien des pieds (éventuellement avec un miroir) ;
  • Le port de chaussures adaptées, des chaussettes coutures à l’envers changées tous les jours ;
  • L’interdiction de la marche pieds nus ;
  • L’hygiène : lavage quotidien, séchage rigoureux et application d’une crème hydratante ;
  • La coupe des ongles, éventuellement par un podologue.

Enfin, en cas de plaie, même minime : lavage à l’eau et au savon, recouvrement par une compresse stérile, élimination de la cause de la blessure (par exemple des chaussures neuves). Et surtout consultation immédiate !

Isabelle V., Journaliste Scientifique


Sources :
Ulcère du pied diabétique. Des progrès techniques mais un manque d’informations, Maia Bovard Gouffrant. Le quotidien de médecin, 9 février 2017
Société francophone du diabète paramédical, Référentiel de bonnes pratiques. Pour la prévention et le traitement local des troubles trophiques podologiques chez les patients diabétiques à haut risque podologique, Médecine des maladies Métaboliques, mars 2015

Isabelle V.
Journaliste scientifique
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