Ulcère de jambe : une biopsie cutanée en cas de retard de guérison

Mar 20, 2018 par

Environ 5 % des personnes de 80 ans souffrent d’un ulcère de jambe, une affection à l’origine d’un handicap parfois important. Si la majorité des ulcères de jambe guérissent grâce aux traitements standards, certains tardent à cicatriser. Une récente étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Journal de Médecine Vasculaire, met en évidence l’importance de la biopsie cutanée en cas de retard de guérison.
biopsie cutanée

Ulcère de jambe et complications

L’ulcère de jambe correspond à une perte chronique de substance cutanée, dont la prévalence augmente avec l’âge. La majorité des ulcères de jambe (85 % des cas) est d’origine vasculaire et le défi diagnostique consiste à déterminer quel système circulatoire est en cause :

  • Le système veineux ;
  • La microcirculation ;
  • Le système artériel.

Les autres causes des ulcères de jambe impliquent principalement des carcinomes cutanés (tumeurs cutanées) et des ulcères infectieux à germes atypiques.

La détermination précise de la cause de l’ulcère est capitale, car la prise en charge de la cause est indissociable du traitement local de l’ulcère cutané.

Le plus souvent, les ulcères de jambe guérissent grâce aux traitements standards. Néanmoins, des risques de complications existent, tels que :

  • Des allergies cutanées à des produits appliqués dans les pansements, très fréquentes, qui gênent la cicatrisation ;
  • Une infection bactérienne, nécessitant un traitement antibiotique local ou par voie orale.

La place de la biopsie cutanée dans l’ulcère de jambe

Dans ses recommandations sur la prise en charge de l’ulcère de jambe, la Haute Autorité de Santé préconise la réalisation d’une ou plusieurs biopsies cutanées dans les circonstances suivantes :

  • La recherche d’un carcinome cutané ;
  • La présence de signes cliniques suspects ;
  • L’absence de cicatrisation après au moins 3 mois d’un traitement adapté et bien observé.

À savoir ! La biopsie cutanée consiste à prélever un fragment de peau, afin de l’analyser au microscope et d’identifier des éléments susceptibles de confirmer ou d’orienter le diagnostic. Le dermatologue réalise la biopsie sous anesthésie locale à l’aide d’un bistouri ou d’un trépan (petite lame circulaire fixée sur un embout). Le fragment de peau prélevé est envoyé au laboratoire d’analyses pour être examiné par un anatomo-pathologiste.

Pour identifier les critères incitant en pratique les médecins à prescrire une biopsie cutanée, des chercheurs ont mené une étude sur 143 patients (53 % de femmes, âge moyen : 74 ans) atteints d’ulcère de jambe, hospitalisés dans un hôpital parisien au cours de l’année 2013 et ayant eu une biopsie cutanée.

Pour les 143 patients inclus dans l’étude, les causes de leur ulcère de jambe étaient variables :

  • Une insuffisance veineuse chronique superficielle et/ou profonde ;
  • Une artérite oblitérante des membres inférieurs (maladie des artères des membres inférieurs liée à l’athérosclérose).

Une meilleure prise en charge des ulcères d’origine non vasculaire

Dans cette étude, la majorité des ulcères de jambe évoluaient depuis plus de 6 mois. Moins de 5 % des biopsies cutanées ont permis de mettre en évidence une cause non vasculaire de l’ulcère :

  • 3,5 % de carcinomes cutanés ;
  • 0,7 % de leishmaniose cutanée (infection parasitaire) ;
  • 0,7 % de pyoderma gangrenosum (atteinte dermatologique avec nécrose des tissus).

Mais une atteinte vasculaire (artérite oblitérante des membres inférieurs, insuffisance veineuse, maladie post-thrombotique, diabète) était associée dans tous les cas.

Les ulcères avec biopsie positive présentaient souvent des caractéristiques particulières, telles que la présence de berges surélevées et un caractère hyperbourgeonnant. En revanche, un saignement excessif ou une localisation atypique n’étaient pas significativement associés avec une biopsie positive.

Après 6 mois de suivi, 70 % des ulcères de jambe étaient améliorés, dont 22 % totalement cicatrisés. Pour les ulcères d’origine non vasculaire, 86 % des patients étaient améliorés ou guéris, grâce à la mise en place d’un traitement spécifique :

  • Une exérèse chirurgicale (ablation de la tumeur) complète en cas de carcinome cutané ;
  • Un traitement par des corticoïdes en cas de pyoderma gangrenosum;
  • Des soins locaux en cas de leishmaniose cutanée.

La réalisation d’une biopsie cutanée a permis de mettre en évidence une origine non vasculaire dans 5 % des ulcères de jambes présentant des signes atypiques ou un retard de cicatrisation. Grâce à la mise en place d’un traitement adapté, près de 90 % de ces ulcères ont été améliorés ou guéris. Ces résultats soulignent l’intérêt diagnostique et thérapeutique de la biopsie cutanée, lorsqu’un ulcère de jambe tarde à guérir.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Prise en charge de l’ulcère de jambe à prédominance veineuse hors pansement. Recommandations pour la pratique clinique. HAS. 2007. J Mal Vasc 32:100—11.
– Les Biopsies de peau. DERMATO-INFO.FR. Mis à jour le 2 novembre 2009.
– Quand poser l’indication d’une biopsie cutanée chez un patient porteur d’ulcère de jambe ? Étude rétrospective sur 143 biopsies consécutives. Standal, A. and al. 2017. Journal de Médecine Vasculaire.
Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
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